« Notre méteil protéique sécurise nos stocks »
Nicolas et Patrick Marande ont récolté 112 tonnes de matière sèche d’un mélange de pois, féverole, triticale et avoine à 17 % de MAT sur 14 hectares. Ce fourrage sera distribué aux vaches allaitantes pendant l’hiver.
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Le 13 juin 2024, c’était le branle-bas de combat sur l’exploitation de Nicolas et Patrick Marande à Chamboulive, en Corrèze. À la tête d’une centaine de limousines, le père et le fils avaient convié deux entrepreneurs, l’un avec son ensileuse et l’autre avec une boudineuse, pour récolter les 14 hectares de méteil fauchés deux jours plus tôt, soit 112 tonnes de matière sèche (MS) environ.
Ce méteil, semé à l’automne, constitue depuis cinq ans le stock de sécurité de la ferme et a permis de réduire la sole en maïs, culture sensible aux sécheresses. Les collègues voisins étaient présents avec leur benne (six au total) pour convoyer l’ensilage jusqu’à la « boudineuse » installée à côté des deux bâtiments-tunnels.
« C’est un mode de conservation efficace qui n’occasionne pas de pertes », explique Nicolas Marande. Le fourrage est compressé dans une bâche, de sorte qu’il reste très peu d’air dans le « boudin ». « À la fin du chantier, lorsque nous le fermons, nous réalisons un trou pour que l’air qui subsiste puisse s’échapper, explique Joan Brousse, l’entrepreneur. La petite ouverture est « bouchée » au bout de 15 jours, quand la fermentation du fourrage est terminée. »
Un fourrage équilibré
Si le stockage du fourrage est soigné, c’est en particulier en raison de sa richesse en protéines et en énergie. Les analyses de la récolte de 2023 indiquaient une teneur en matière azotée totale (MAT) de 17 % et 0,89 UFL/kg de MS. « Je le distribue en priorité aux vaches suitées, qui passent l’hiver en plein air », poursuit Nicolas. Les animaux disposent également d’ensilage de maïs. « À la reprise de la végétation, les vaches sont en meilleur état que lorsqu’elles étaient nourries avec un régime à base de foin », précise-t-il.
Le méteil est versé au champ dans un râtelier avec un godet dessileur. Grâce à cela, aucune perte n’est enregistrée. Les veaux complémentés avec un concentré fermier sont également friands de ce méteil.
Féverole, pois et vesces semés en novembre
La qualité du fourrage est liée à la composition du mélange semé au mois de novembre. Celui-ci est adapté aux besoins de l’exploitation et comprend une grande part de légumineuses : 100 kg de féverole, 30 kg de pois fourrager, 15 kg de vesce velue, 15 kg de vesce commune, en plus de 90 kg de céréales (triticale et avoine). « De nombreuses formulations sont possibles, mais la féverole ne convient pas aux parcelles situées à plus de 500 mètres d’altitude », précise Stéphane Martignac, de la chambre d’agriculture de la Corrèze.
Le père et le fils se sont lancés en semant une petite surface il y a cinq ans. « C’est une révolution pour notre organisation », avoue Nicolas Marande. Dès la première année, les résultats se sont révélés satisfaisants et cela a conditionné l’augmentation de la surface. Le mélange est désormais un pilier de la stratégie fourragère du Gaec. « Le boudinage » n’est toutefois pas une obligation. Le fourrage peut être récolté aussi bien en enrubannage qu’en ensilage.
Une étude comparative, réalisée par la chambre d’agriculture, a montré que le boudinage était le plus onéreux. « La prestation revient à environ 38 €/m linéaire », rapporte Nicolas. Il faut ajouter la prestation d’ensilage et les journées qu’il faut rendre aux voisins éleveurs. « Le point fort de la technique est lié à la rapidité du chantier. Celui-ci est bouclé en une demi-journée, argumente Nicolas. Si je devais enrubanner cette surface, il me faudrait plusieurs jours ! »
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